Le fluvial prend le large

Le transport de marchandises par les fleuves et rivières apparaît de plus en plus comme une solution d’approvisionnement fiable, peu coûteuse et écologique. Des entreprises de tous secteurs s’y mettent.

Déclaré « priorité absolue » au cours de la table ronde Mobilité et transports du Grenelle de l’Environnement qui s’est tenue début 2008, le fret fluvial suscite depuis plusieurs années l’intérêt des entreprises et des industriels. De 2005 au premier semestre de l’année dernière, le trafic de conteneurs en France a connu une croissance à deux chiffres sur tous les bassins, à l’exception du bassin rhénan, plus mature. Si la crise est passée par là, les perspectives restent favorables.

Exemple de l’engouement pour ce mode de transport écologique, Monoprix approvisionne depuis 2006 ses magasins parisiens en produits non-frais par des barges qui pénètrent directement au coeur de la capitale. D’autres enseignes de la grande distribution ont choisi d’augmenter leurs flux sur le Rhône et la Saône. Le temps où les péniches ne transportaient que des minerais ou des gravats est bel et bien révolu.

« En bateau, on peut tout transporter : voitures, déchets, matières premières ou produits finis », explique Antoine Mathot, responsable du développement de l’association Entreprendre pour le fluvial, créée en 2007 afin de favoriser l’arrivée de nouveaux acteurs dans ce secteur. « Tout ce qui se fait par camion peut se faire sur fleuve », précise-t-il.

Outre l’aspect écologique, les entreprises trouvent dans le fret fluvial une alternative économique et fiable à la route. « Le transport fluvial est plus lent mais il arrive à l’heure. Pour des professionnels, c’est très important », note Antoine Mathot. Surtout, il permet de massifier les volumes, autrement dit de transporter davantage en un seul trajet, et par conséquent de faire des économies.

– Un canal pour relier la France à l’Europe –

En moyenne, le combiné fluvial (fleuve + route) revient de 8 à 10% moins cher que le transport routier, estime Voies navigables de France (VNF). Afin d’augmenter cet avantage comparatif, l’établissement public en charge de l’exploitation des voies d’eaux françaises s’emploie aujourd’hui à redimensionner son réseau, en augmentant la profondeur des voies d’eau, les hauteurs libres sous ponts, et la largeur des écluses.

Parallèlement, VNF vient de lancer l’avis d’appel public à concurrence pour la construction du canal à grand gabarit Seine-Nord Europe qui doit relier en 2015 le Grand Bassin parisien au Nord-Pas-de-Calais, et connecter le réseau français à ceux de ses voisins nord-européens. Projet phare du Grenelle de l’Environnement, ce canal doit permettre de transporter 15 millions de tonnes de marchandises à l’horizon 2020, ce qui équivaut à 500 000 poids-lourds par an en moins sur les autoroutes.

Le transport fluvial a de beaux jours devant lui, mais le chemin à parcourir est encore long. Malgré une augmentation de 40% au cours des dix dernières années, il ne représente aujourd’hui que 3% de l’ensemble du trafic terrestre national. De nombreuses voies restent inadaptées aux plus gros bateaux. « Si l’on veut répondre à la demande de fret fluvial, il faudra non seulement créer des infrastructures, mais aussi former des bateliers », prévient Antoine Mathot. Selon lui, le secteur pourrait créer une centaine d’entreprises par an au cours des dix prochaines années.

Par François Schott

Les commentaires sont fermés.