L’éolien en mer a le vent dans le dos

 Spéciale Europe – Leader mondial de l’énergie éolienne offshore (en mer), l’Europe voit grand pour ce nouveau mode de production d’électricité qui pourrait éviter bien des difficultés d’approvisionnement.
Et si la sécurité énergétique de l’Europe passait par l’énergie éolienne produite en mer ? S’il est un domaine dans lequel le Vieux Continent a pris une longueur d’avance sur le reste de la planète, c’est bien celui de l’éolien offshore. L’essentiel des capacités mondiales dans ce secteur se trouve en Europe, notamment au large des côtes du Royaume-Uni, de l’Allemagne et du Danemark.

Pour l’heure, les fermes en pleine mer ne représentent que 2,3% du secteur éolien européen. Mais, en raison de la raréfaction des espaces disponibles sur terre et de l’opposition suscitée par certains projets, les spécialistes du secteur misent de plus en plus sur l’offshore. Depuis le début de l’année, les projets se multiplient en Mer du Nord. Le français Areva va fournir 80 éoliennes pour le futur parc de Global Tech 1, d’une capacité totale de 400 mégawatts, situé près des côtes allemandes. De quoi fournir de l’électricité à un million de personnes. L’allemand Siemens, leader mondial de l’éolien offshore, a signé au début de l’année un contrat estimé à deux milliards de dollars pour la livraison de 500 turbines, d’une capacité totale de 1 800 mégawatts, au danois Dong Energy.

En France, le premier parc en mer devrait voir le jour en 2010 au large des côtes normandes, et afficher une capacité de 100 mégawatts. Le ministère de l’Ecologie a ouvert une concertation jusqu’au 15 septembre prochain pour planifier le développement de fermes éoliennes sur chaque façade maritime. Une réponse au Grenelle de l’environnement qui a fixé un objectif de 5 000 à 6 000 mégawatts d’éolien offshore à l’horizon 2020.

– Connexions sous-marines –

Selon l’Association européenne de l’industrie éolienne (EWEA), la production offshore devrait dépasser d’ici une quinzaine d’années celle réalisée sur terre. Outre l’immense espace disponible pour de nouvelles implantations, la mer offre des vents plus forts et donc une efficacité énergétique accrue.

Et l’impact environnemental dans tout ça ? Car les éoliennes sont tout de même coulées dans du béton en pleine mer. « Il y a un impact écologique lié à l’implantation d’éoliennes en mer, mais il est très limité », souligne Fawaz al Bitar, responsable de la campagne Climat/Energie de Greenpeace en Belgique. « Certaines études ont même montré que ces fermes constituaient un réservoir et un lieu de reproduction pour les poissons ».

Selon une étude de l’ONG environnementale, intitulée « A North sea electricity grid revolution », l’éolien de la Mer du Nord pourrait générer 250 terrawatt/heures d’électricité par an à l’horizon 2020-2030, soit environ 13% de l’approvisionnement annuel actuel en électricité des pays limitrophes (France, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Danemark et Norvège). « Cela passe par l’interconnexion des parcs existants et à venir », précise Fawaz al Bitar. « A l’heure actuelle, chacun fonctionne en autonomie, et se trouve confronté, comme les fermes à terre, à de fortes variations de la ressource en vent. La mise en réseau permettrait de compenser ces variations d’un parc à l’autre, et offrirait une source fiable d’approvisionnement en électricité pour l’ensemble de l’Europe ».

A l’heure où l’Union européenne cherche à assurer sa sécurité énergétique, y compris par la construction d’un gazoduc contournant la Russie, une source sûre d’énergie renouvelable existe au large de ses propres côtes. Reste à convaincre l’ensemble des Etats membres, dont certains n’ont pas de façade maritime, de l’intérêt général d’un réseau éolien offshore.

Par François Schott

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